Octobre

Mercredi 18 octobre
Peu de temps pour écrire, les activités éditoriales monopolisent l'essentiel de mon temps.
Souvenirs de Saintes de Robert Rivaud vient de paraître. La couverture, essentielle pour la bonne diffusion d'un titre, rassemble joliment une photo de l'auteur en sous-officier et une vue de la cathédrale de Saintes. Le noir et blanc conforte l'esthétisme un peu pathétique. La préface de Madeleine Chapsal est indiquée, comme prévue, ce qui facilitera aussi sa promotion.
J'envoie chier aujourd'hui un certain M. P. de la maison de la presse de Saintes. Il remet en cause notre honnêteté et s'adjuge le droit de modifier les accords passés. Madeleine est d'accord avec moi : la vente signature qu'elle devait faire chez eux le 18 novembre bénéficiera à un autre libraire de la ville. Présomptueux et sûr de son importance essentielle à Saintes, il va en prendre plein les dents.
La relation très amicale avec Madeleine ne faiblit pas. Deux correspondances curieuses, voire troublantes, que je veux inscrire ici.
Tout d'abord, invité, ainsi que Madeleine, chez un couple de musiciens (le mari est l'un des principaux compositeurs de Serge Lama) nous écoutons leur travail de mise en musique des poésies de Chapsal. Raccompagné le soir, j'apprends à Madeleine l'adresse de mon pied-à-terre parisien : square de Châtillon, petite impasse tout juste visible sur un plan. Dans son dernier roman, Une soudaine solitude, l'héroïne est inspirée d'une femme, amie de Madeleine, qui est morte au 15 de ce même Square.
Second élément. Mes démarches pour m'inscrire en maîtrise à l'université Paris IV aboutissent, suite à une erreur d'expédition de mon courrier de motivation, à une rencontre avec le directeur de l'ufr de lettres de Paris III, Sorbonne nouvelle, un certain Marc D. J'apprends à cette occasion qu'il est le spécialiste de Roger Nimier, et qu'il connaît l'ouvrage de François Richard, Les Anarchistes de droite dans la littérature contemporaine.
Il reconnaît les points forts de mon dossier, mais se range dans un premier temps derrière les obligations administratives : point d'inscription en maîtrise si je ne suis titulaire que d'une licence ou d'une maîtrise de droit. Après consultation des services, il revient enjoué : il possède plus de pouvoirs qu'il ne l'imaginait, et peut me garder en maîtrise.
Je rapporte à Madeleine mes futures activités estudiantines et la passion très probable de mon directeur de mémoire pour le hussard Nimier. Court silence et Madeleine me confie : « Vous savez que j'ai été la petite amie de Roger Nimier, je possède une correspondance amoureuse avec lui ». Marc D. n'en savait rien. Je lui apporterai la copie d'un de ses courriers.
Mon sujet probable de mémoire : l'aristocratisme libertaire. Mes deux travaux complémentaires : les hussards et les écrivains français sous l'occupation.
Voyage de deux jours, la semaine dernière à Bargemon, pour essayer de sauver le projet proposé par Jacques D.
En France, les attentats se poursuivent. Le GIA les a revendiqués officiellement et demande, entre autres choses, la conversion du président Chirac à l'Islam !

Vendredi 27 octobre
Vu Madeleine Chapsal, mercredi soir, chez elle. Nous déterminons les corrections à faire pour Souvenirs de Saintes.
Elle me fait découvrir, comme promis, sa correspondance avec Roger Nimier. Une bonne cinquantaine de petits mots incisifs, délirants, de fausses lettres anonymes, de longues missives, etc.
Cette petite anecdote : un soir, elle arrive dans un restaurant avec un certain Dominique B., connu de Nimier. Celui-ci est présent par hasard. Il aperçoit Madeleine Chapsal puis, voyant qui la suit, se retourne brusquement sans la saluer. Il lui expédie plus tard un courrier écrit en grosses lettres rouges avec des phrases comme : « J'espère que ce Dominique B. vous a bien enfilé ce soir », en substance...
Je découvre aussi le reste de ses correspondances, plus calmes, mais de non moins prestigieuses signatures : Georges Bataille, Henry de Montherlant, Jacques Lacan, Jacques Prévert, Bruno Bettelheim, Françoise Giroud, etc. Une galerie éclectique. Elle me signale aussi que c'est grâce à Roger Nimier qu'elle a pu rencontrer Louis-Ferdinand Céline afin de l'interviewer pour l'Express.
Elle me fait cadeau à ce propos d'un enregistrement de Destouches dont elle ne connaît pas la provenance ni la date.


Reçu un bref courrier minable et insultant de Leborgne en réponse au long historique que je lui avais adressé début octobre.


Platitude de l'actualité. Jacques Chirac est intervenu hier soir sur France 2 pour convier les Français à se serrer les coudes et à vider un peu leur bourse pendant deux ans afin de résorber une petite partie du déficit budgétaire de la France, pas moins de trois mille milliards !!! Chiffre cosmologique...

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